Jour 16

De Sidi Hamza au M’goun

Lundi 30 août

Rosée ce matin, descendue de la brume restante de l’orage d’hier soir.

Notre cheminement ce matin est bucolique, nous traversons les cultures de mais, d’orge déjà coupé, de luzernes fleuries, de pomme de terre également en fleurs. Nous croisons une quarantaine d’ânes principalement et de quelques mulets, tous montés par des femmes venants du village d’Agdal. L’une de ces femmes un peu âgée sur un cheval avance avec une très grande élégance, une princesse de l’Atlas. Les coiffes pour les femmes d’Agdal sont un foulard noir avec des cordons rouges où bleus nouant l’ensemble autour du chignons, souvent assortis aux autres vêtements.

Elles travaillent souvent assises entre leur jambes pour couper la luzerne où l’herbe.

L’une de ces femmes porte une de ces fibules ancienne, double broche en argent reliée par une chaîne. Elle accepte que je photographie ses fibules sur le buste de Khadija que cette dame fixera.

Les sources sont nombreuses dans cette partie de la vallée qui sortent au milieu des jardins, dont certaines parcelles sont en permanences en eau. Quelques hommes dans les jardins effectuent l’ouverture et la fermeture des séguias qui inondent les cultures. L’eau remplie la parcelle, puis la séguias est déviée sur le champs suivant. Ils ont souvent un « achdad’» chèche jaune que l’on voyait beaucoup autrefois dont les « chorfa » portent encore, bien plié et enroulé autour de la tête. Nous dépassons le grand village d’Agdal, le dernier village de cette haute vallée d’Imilchil à 2380 mètres d’altitude. Village ancien avec deux greniers encore en bon état. Quatre moqadems gèrent principalement dans leurs fonctions les conflits de l’eau d’irrigations des cultures.

Nous quittons cette oasis de montagne accompagnés par un groupe d’enfants ravis de voir une caravane de dromadaires.

Nous prenons sud Ouest après ce village une vallée aride en défilé sur huit kilomètres. Nous rentrons dans une petite vallée sur la rive droite dans le but de s’approcher de la grotte d’Akhyam. Nous trouvons un emplacement pour le bivouac sur une portion de piste désaffectée et à peut près horizontal pour monter les tentes après 5 heures de marche.

Grotte d’Akhiyam

Située sur le territoire du village n’Agdal d’Imilchil. Cette grotte atypique, avec un accès aménagé par un sentier et des escaliers effectués par l’association du village d’Agdal

L’accès est déjà un site d’intérêt majeur où l’on peut observer que plusieurs cavités ont été habitués il y a bien longtemps. Les plafonds de ces grottes ont été noircies par une activité de vie autrefois importante.

Dès l’entrée de la grotte Jean-Bernard Kureth, spéléologue amateur avec une grande d’expérience, nous explique la particularité de cette grotte.

A l’entrée nous avons cheminé dans une partie sèche appelée réseau fossile où autrefois l’eau s’écoulait. Jean-Bernard nous montre le phénomène d’écoulement de l’eau qui suinte de gours en gours. Il s’agit de petites cavités au sol où l’eau s’écoule de l’un à l’autre.

Nous cheminons horizontalement ce qui est une chance. Nous pouvons observer un puits en contrebas avec un ruisseau qui s’écoule un étage en dessous de nous, dans un réseau « actif », phénomène classique mais assez rare à observer si facilement.

Les deux réseaux étant séparés d’une petite dizaine de mètres l’un au dessus de l’autre avec des cheminées permettant d’avoir l’accès entre ces deux réseaux. Pour aller découvrir le réseau actif, nous reviendrons mieux équipés avec un peu de matériel technique et moins nombreux.

Jean-Bernard nous explique comment certaines concrétions se forment avec le dépôt de calcaire provoqué par suintement de l’eau chargée de particules de calcaires qui se déposent très lentement. Nous observons des stalactites (descendantes) parfois très fines (fistuleux) et des stalagmites (montantes), formants une colonne lors ce qu’elles se rejoignent.

Cette grotte nécessite toute l’attention des autorités et du Ministère du Tourisme qui doivent effectuer des formations pour ces « guides » qui se proposent d’emmener les « touristes ». Formations technique, scientifique et sécurité. C’est à prendre très au sérieux, car il s’agit d’un véritable sport qui peut s’adresser à des spéléologues du monde entier qui viendront de loin pour effectuer la visite complète de la grotte qui peut prendre une journée entière où plusieurs ?

Les voyageurs et « touristes » nationaux et étrangers curieux de découvrir une grotte doivent avoir un encadrement de qualité avec la sécurité adéquate, car des dangers sérieux existent dès l’entrée.

La piste que nous empruntons actuellement et qui relie Agdal à M’smghir est actuellement en plein travaux et sera probablement goudronnée au printemps 2022. C’est une opportunité d’étape et de détour pour des voyageurs pour visiter ce site d’intérêt majeur sportif et culturel.

Cette étape est créatrice d’emplois locaux, hébergements, repas et encadrements qui peuvent tout à fait s’adresser à des guides diplômés des espaces naturels (guides de montagnes) où à des licenciés en géologie issus du plateau d’Imilchil ou de la région dont les deux doivent absolument avoir une formation complémentaire spécifique et très sérieuse. C’est l’image de notre pays qui doit être pensée.

L’émission Amoudou de 2M a réalisé un reportage sur la grotte d’Akhiam avec une équipe de spéléologues plongeurs.

L’aménagement de cette grotte a été réalisé avec la participation d’un consortium (Andzoa, région Nouvelle Aquitaine, Ministére de l’énergie, des mines et de l’environnement).

Malheureusement le chemin d’accès aménagé à la grotte est dégradé, et l’objectif d’effectuer un afflux d’activités pour la région n’est absolument pas atteint. Il a été oublié la promotion, la formation et la mise en place commerciale.

Il serait important que le Ministère du Tourisme, concerné par l’activité tourisme et découverte puisse investir son soutien à la qualité de ce développement, de la formation et de la promotion, ainsi que les associations professionnelles des guides et des agences de voyages spécialisées nature et aventure.

Le développement est l’affaire de tous.

Pour ceux qui désirent découvrir cette grotte, en attendant des professionnels formés, arrêtez vous à l’auberge « la grotte » pour passer la nuit dans ce gîte. Accueil chaleureux des frères Abdou et Said, 3 chambres avec lits. Ils pourront vous emmener (comme ils le peuvent) visiter l’entrée et la première partie du site de la gorge.

Le détour est exceptionnel et nécessite minimum une demi journée.

Soin sur un pied de dromadaire.

Tabalat’ n’Izdzer n’Alghoum

En traversant l’oued de l’assif Melloul,

sur des kilomètres durant deux jours, l’eau froide engourdie les soles (pieds) du dromadaire et ils arrivent qu’ils se blessent en tapant leurs pieds sur des cailloux où en posant la sole sur des roches tranchantes comme des lames de couteaux. Ils peuvent percer leur sole en cuir assez souple comme une paire de chaussure à la semelle fine. Cette blessure peux s’infecter par l’intrusion de déchets extérieurs enfermés sous cette semelle de cuir.

En cautérisant avec un métal chauffé à rouge avec de la graisse fondue pour ramollir et soigner la plaie, nous arrivons parfois à traiter cette sole enflammée et que le dromadaire reparte le lendemain.

Cette pratique s’effectue lors des grandes traversées où le chameau n’a pas la solution de rester au pâturage.

La dernière fois que nous avons effectué cette opération était l’année dernière lors de la traversée avec Alice Morrison sur le parcours entre Nador et Ouarzazate. Au bout de dix jours deux dromadaires étaient bloqués par une de leur sole enflammée et ils boiraient. La méthode a fonctionné et les dromadaires ont pu remarcher une dizaine de jours. Les bagages ne permettaient pas que les quatre autres chameaux portent le mois suivant les bagages des deux chameaux en convalescence dans la caravane.

Nous avons dû amener deux autres chameaux en camion et les remplacer.

Ces interventions sont assez rares.

Ichou et Addi sont les spécialistes de l’équipe ayant vue leur grand-père, leur père leurs oncles soigner leurs animaux lors des transhumances et leur ancienne vie nomade.