Jour 28
Au cœur de l’Atlas Oriental
Arrivé hier soir au-dessus du village d’Aguerzaka dans les gorges du M’goun, au début de la nuit, les deux tentes blanches se distinguent légèrement. Les chameaux se détachent dans les phares. Ils ne sont plus apeurés par les 4×4, ils s’approchent sur trois pâtes avec une pâte entravée repliée, sachant que le ravitaillement du fourrage et de l’orge sont toujours soit sur le toit du véhicule soit dans le coffre.
Le groupe au coin d’un petit feu nous attend. Nous amenons le dernier ravitaillement frais, brochettes pour ce soir, légumes, fruits et du pain aux olives de Dar Daïf.
Le ciel est chargé de nuages, nous nous endormons à peine, déjà la pluie tombe abondante et sans vent une grande partie de la nuit. Joie pour les agriculteurs, les éleveurs, pour la vie qui a tant besoin d’eau.
Ce matin les voyageurs abandonnent la caravane qui effectue un détour par les plateaux. Nous marchons dans la rivière et la gorge du M’goun jusqu’au village d’Aguerzaka.
Magnifiques falaises de calcaires orangées. Nous croisons plusieurs mulets chargés avec des hommes fièrement assis sur les bagages qui descendent par la rivière. Une femme remonte avec une mule chargée de fagots de maïs.
A la sortie de la gorge des lavandières sont affairées à battre le linge qui est ensuite étendu sur les branches des figuiers. Nous rejoignons les jardins plantés de maïs, très beaux, les arbres ont aussi bien verts.
Zineb salut le petit garçon d’Hamed qui doit avoir quatre ans. Nous rentrons dans la maison pour saluer cette famille amie. La grand-mère porte la tristesse sur son visage de son fils de vingt-quatre ans, parti clandestinement avec un groupe de jeunes des villages pour rejoindre l’Europe par la Turquie. Il est mort d’épuisement en Bulgarie traqué par la police. Elle ne le reverra plus il est enterré là-bas. Quelle tristesse cette attirance vers l’Europe dont tant meurent au fond des mers et en chemins. Des efforts doivent être encore trouvés pour motiver ces jeunes dès la petite scolarité pour adultes avoir envie d’entreprendre dans leur pays, et cesser de croire que le bonheur est ailleurs, alors qu’il est souvent entre nos mains.
Après nos condoléances, nous buvons un thé parfumé à la verveine fraîche.
Nous dégustons un délicieux tajine réservé la veille par téléphone.
Puisque la pluie a repris durant notre halte, nous profitons de la pièce confortable des invités pour effectuer une petite sieste, enroulés dans des couvertures car le fond de l’air est frais. L’épouse d’Ahmed a accouchée il y a quatre jours, en partant nous allons saluer et féliciter la maman. Le bébé se porte à merveille.
Nous reprenons un sentier dans les jardins, le plafond nuageux est bas et sombre, un temps d’hiver ! La pluie reprend rapidement. Nous enfilons les vestes.
A la sortie du village une petite piste remonte dans un vallon, nous trouvons le bivouac. Les dromadaires mangent la luzerne séchée que nous avons amené hier, il y a trop peu de pâturage cette année. Le matin c’est une ration d’orge que nous leur donnons.
Les chameliers sont arrivés avant la pluie, ils ont pu monter les tentes tranquillement et nous apprécions de nous glisser sous les tentes à l’abris.
Fin d’après-midi lecture !
Quatre heures de marche, altitude 1730 mètres.
La nuit tombée bonne nouvelle, la pluie tombe abondamment. La nuit nous dormons sous la pluie !