Jour 18
Au cœur de l’Atlas Oriental
Nuit fraîche, au réveil quelques degrés.
La sente s’élève rapidement entre les touffes d’Ifssis. Une succession de petits cols et pentes en dévers. La lumière est pure et la vue lointaine sur les crêtes et l’horizon à l’Est.
Nous arrivons au tizin Tiberdiouine après deux heures de marche, altitude 1820 mètres.
Nous traversons sur les hauts plateaux jusqu’à la source de l’écoulement des eaux de fontes qui alimentent le plus haut bassin hautes gorges du Dadès.
Nous croisons une douzaine de tentes de nomades Ait M’r-ghade disposées sur les deux rives. Les tentes sont grandes, très noirs et bien cousues. Les nomades semblent très pauvres.
Bendiche discute avec un homme un peu âgé étonné de voir des chameaux chargés qui descendent cette gorge. Il lui indique la gorge trop difficile pour les chameaux. Bendiche me le dira une fois installés au bivouac !
Zineb parle avec une femme nomade. Elle lui indique qu’ils vont partir vers le sud dans une dizaine de jours, redescendre vers Goulmima et plus au sud l’hiver. Cette dame lui précise que l’on dit que le passage dans la gorge est difficile, et qu’elle n’y est jamais allée. Étonnant !
Nous marchons dans le lit de l’oued caillouteux plat qui se rétrécit. Les passages deviennent plus chaotiques et nous devons chercher la trace du passage. Il y a pourtant des traces d’ânes non chargés, probablement partis boire à la source.
Je file devant repérer le passage dans les rochers, quelques vires cheminent. Abdou me suit avec son mulet, nous dégageons des pierres qui encombrent le passage pour les dromadaires. Après une petite cascade sèche, la seule solution faire la trace avec le mulet dans une pente de terre et cailloux d’une centaine de mètres pour contourner ce verrou et retrouver le lit caillouteux de la rivière.
Brahim fait passer les dromadaires au ralenti, ils sont en confiance, Idir aide deux dromadaires hésitants.
Depuis une heure nous cherchons un replat pour installer le bivouac, une très belle terrasse rocheuse nous attire, il y a quelques centimètres de terre sur la vire, les piquets de tente ne pourront pas s’enfoncer. Le lieu est tellement beau, domine les lacets suivants de l’oued. Nous renonçons et nous continuons à descendre une pente en traçant avec le mulet, nous retrouvons le lit de l’oued. Les dromadaires sont fatigués et les voyageurs traînent un peu la patte dans ces cailloux. La journée de marche est suffisante.
Nous trouvons un espace en pente, très caillouteux. Nous dégageons quelques gros cailloux calcaires anguleux pour baraquer les dromadaires. Avec « Aguelzime » la pioche, nous taillons quelques terrasses pour installer les tentes le plus à plat possible.
La gorge s’appelle dans cette partie « Tasdrat n’Taoghart ».
Cinq heures de marche.
Journée exceptionnelle, Humbdoullillah.