Jour 20

Au cœur de l’Atlas Oriental

Nous entrons dans le village d’Ait Aàtou ou Moussa en suivant une séguia principale qui irrigue un ensemble de jardins et d’anciens noyers. Nous croisons l’oncle d’Abdou. Des jeunes hommes grimpés sur le haut des branches des noyers, gaulent les noix du haut des arbres.
La maison d’Abdou est la dernière du village ; nous sommes heureux d’être honorés par un délicieux couscous préparé par son épouse et sa Maman.
Par la piste d’accès au village nous longeons l’oued sec du Dadès, l’eau s’infiltre sous le lit des cailloux de la rivière. Nous coupons un grand lacet de l’oued, par un sentier qui s’élève rapidement. Nous atteignons le col et le marabout « Agougham Ogasseunt » (du milieu, de la frontière), commun à deux villages et aux nomades des hauts plateaux, tous d’une branche des Ait Moussa de la grande tribu Ait Haddidou.
La vallée s’ouvre, les cultures sont sèches pour ceux qui n’ont pas de moto- pompe pour irriguer leurs champs, la sécheresse accentuée par le manque de neige de plusieurs années est parfois difficile.
La caravane quitte la vallée pour installer le bivouac dans un petit oued à l’écart des villages.
Quatre heures de marche, altitude 2090 mètres.
J’aime découvrir les alentours du bivouac. Je grimpe plein sud sur une montagne très aride. La vue est superbe sur la haute vallée d’Ait Haddidou et la chaîne de l’Atlas qui se charge de nuages ce soir.
Je découvre un immense tumulus, marques de passages très anciens de milliers d’années. Toujours émouvant d’imaginer que des femmes et des hommes vivaient où parcouraient ces étendues de désert et de montagnes où se cachaient à l’époque les dangers des lions, léopards et autres animaux sauvages.

Hier soir à mon retour de ma grimpée sur la montagne Sud, j’étais intrigué par ce Tumulus et le rectangle assez proche.
Ce matin après le Feughr, je suis remonté sur le plateau pour voir de plus près ces ruines qui m’amènent à penser qu’il pourrait s’agir d’un ancien lieu d’habitation, une halte protégée sur ce passage sur le piémont sud de l’Atlas, et en même temps un lieu d’adoration, de culte ?
Cela devrait intéresser notre ami Jacques Gandini, qui a répertorié dans le Draa et ailleurs dans le désert du Maroc les tumulus à antennes et autres sortes de tumulus, ainsi que des chercheurs anthropologues – historiens – archéologues, pour essayer de percer le mystère de cette civilisation et populations, leurs coutumes.
C’est la première fois que je remarque ce type de Tumulus associé avec ce grand trapèze dont la forme de la ruine d’un mur d’enceinte de 25 m (nord) / 83 (nord – sud) / 60 m (sud)
Au bout de se trapèze se trouve une sorte de demi-cercle – triangle, accolé (au sud, vers le haut de la montagne) à la base environ 50 m., d’une circonférence de 33 mètres, dirigé dans la direction du Tumulus.
Cet ensemble se trouve sur le plat d’une colline qui domine toute la vallée sur les 4 côtés, et l’entrée de la haute gorge du Dadès. Plus au sud se trouve un grand Tumulus à 450 mètres.
Avant ce tumulus un ensemble de cercles pleins presque alignés, qui se terminent 135 mètres avant le grand Tumulus. Plus au sud un petit tumulus.
A l’ouest du gros tumulus sur 300 mètres environ quelques cercles disséminés sur le plateau.
Cet ensemble de ruines est construit avec des pierres rondes dont certaines doivent faire 50 kg, extraites de l’oued 100 mètres de dénivelés en contrebas à l’Est.
Sur ce plateau il n’y a pas de pierres. C’est un travail titanesque et mystérieux.
Je vais rejoindre le groupe au petit déjeuner !