TOUBKAL expédition 1871
Expédition en 1871 dans le massif du TOUBKAL.
Sir John Hooker, Mr Maw et Mr Ball,
trois voyageurs anglais, botanistes et géologues, sont les premiers européens à remonter la vallée d’Asni jusqu’à Imlil, puis Sidi Chamharouch et un col au plus près du Toubkal. Leur expédition est raconté dans leur « journal of a tour in Marocco and the Great Atlas » édité en 1878.
Ayant débarqué à Mogador ( Essaouira ), ils se rendent d’abord à Marrakech sous leur propre identité de britanniques afin d’obtenir une autorisation pour traverser l’Atlas. Dans ce Maroc encore assez fermé aux étrangers, malgré une recommandation du Sultan, le gouverneur ne leur donne qu’une autorisation pour voyager sur le versant nord de l’Atlas, sans franchir la ligne de crête.
Ils se rendent d’abord dans le secteur des Mesfioua, où l’oued Zat sort des montagnes, près des ruines du « château de Tasseremout » , correspondant à la citadelle almoravides de Tasghimout. Mais le caïd local leur dit qu’il n’est pas possible d’atteindre la haute montagne par ce coté. Ils tentent ensuite leur chance par la vallée de l’Ourika, mais les relations avec le chefs locaux ne le permettent pas non plus.
Ils reviennent un peu plus à l’ouest vers la vallée de l’oued Reraya, passent devant la Zaouia de Moulay Brahim, constatant au passage la dévotion de leurs accompagnateurs berbères. Remontant la vallée, ils installent le 12 mai 1871 leur camp de base près d’Asni. Le 13, ils continuent vers le sud, notant l’abondance des noyers et l’ingéniosité des systèmes d’irrigation. La vallée se rétrécie, mais les paysans utilisent la moindre parcelle pour cultiver l’orge, le seigle et les oliviers. Après avoir franchi une moraine, ils parviennent au village le plus haut de la vallée, Arround (Aremd au dessus d’Imlil ). Ils constatent qu’il y a deux vallées devant eux, l’une à l’est parait se diriger vers l’Ourika, l’autre continue vers le sud et ils vont la remonter. Ils profitent de l’hospitalité des villageois qui leur servent un porridge d’orge et une maison du village est mise à leur disposition. Ils herborisent et soignent quelques gens du village.
Le 16 mai à 6 h 30 ils commencent avec une équipe réduite à remonter la vallée en amont d’Arround, examinent des genévriers thurifères et parviennent au tombeau d’un saint ( Sidi Chamharouch certainement ). Un sentier continue vers le sud vers les crêtes et conduit, leur dit-on vers le Sous. Leurs guides sont trop effrayés de poursuivre et ils leur faussent compagnie afin de suivre le sentier. Ils croisent un petit convoi de marchands descendant du col et venant effectivement du Sous. Le temps s’est détérioré avec de la pluie et enfin de la neige. C’est finalement dans la tempête que le plus jeune des trois anglais parvient au col, les deux autres restant en retrait de 50 m, par une température de – 5°, avant qu’ils ne redescendent rapidement à Sidi Chamharouch ou leur équipe les attend avec un feu dans la cabane.
Ils désignent ce col comme le Tizi Tagherot et lui évaluent une altitude de 3500 m. La topographie et l’altitude correspondent tout à fait avec le Tizi n’Ouagane situé 2000 m en amont de l’actuel refuge du Toubkal, à moins qu’il ne s’agisse du Tizi n’Tagharat situé à l’est de Sidi Chamharouch. Ces trois anglais regagnent ensuite rapidement Marrakech puis Mogador pour rentrer en grande-Bretagne avec leur collecte botanique. Sr John Hooker était le directeur du Royal Botanic Garden de Kew.
Ils ont été les premiers européens à atteindre une telle altitude, aussi près du sommet du Toubkal.
C’est le marquis de Segonzac en 1923, avec Berger et Dolbeau, qui atteindra le sommet du Toubkal, mais des bergers le fréquentaient déjà comme en témoignent des cairns au sommet à leur « première » ascension.