Transhumance 2023

Une des dernières – Jour 5

La matinée s’écoule lentement, les touffes de plantes fleuries sont un magnifique pâturage pour les troupeaux. Ito et Ahmed freinent les chèvres pour qu’elles broutent ce pâturage fleuris. Nous marchons lentement dans la plaine en direction du lac Izourar.
Augus me fait remarquer un nid d’oiseau entre deux touffes, constitué de laine de dromadaires avec quelques brindilles. C’est la première fois que je découvre ce type de nid. L’œuf est vert clair et moucheté, quelques débris d’un autre œuf dans le nid. Quel équilibre dans la nature où les oiseaux profitent de la venue des nomades et leurs troupeaux pour prélever la laine des dromadaires qui s’accroche aux touffes épineuses.
Ito me raconte hier avoir tremblé de peur qu’un accident se produise. L’année dernière deux ânes chargés des M’goun et un âne du haut Bougmez sont tombés au passage dangereux d’hier dans les vires. Ito s’inquiète pour Addi son fils qui passera à ce même endroit ce matin avec cinq dromadaires chargés et l’équipe du groupe de Zineb. Je la rassure, hier juste après le passage j’ai demandé à Mohamed (cuisinier) de prendre son sac de couchage et rejoindre le pied du col au bivouac de Zineb. Il sera en renfort pour aider la 2eme caravane pour le passage délicat des vires demain, et surtout passer la consigne de décharger les dromadaires et les passer un à la fois sur le passage étroit et surplombant.

Aux vues des risques pour ce passage dans les vires, à cause de l’effondrement du mur de soutiens, pour le chemin des nomades du M’goun, des Ait Atta et des Ait Bougmez, des animaux et de nos voyageurs (deux fois par an), il est une nécessité de restaurer ce chemin. Je prévois cet été de revenir avec nos chameaux chargés de sacs de ciment, de sable, de la ferraille déjà préparée, du matériel de bivouac, de la nourriture avec une bonne équipe pour remonter ce pan de mur effondré et sécuriser ce passage. Il nous faudra du matériel d’escalade et des cordes pour sécuriser l’équipe. Nous effectuerons un bivouac proche sur une vire, les dromadaires reviendront sur le plateau pour attendre notre retour. Cela devrait prendre 9 à 10 jours pour se déplacer, deux jours d’accès à pied avec la caravane chargée, le travail et le retour.

Le grand troupeau de chèvres d’Ami Zeïd nous rattrape en marchant sur le flanc Nord des pentes, puis à notre niveau, les deux bergères viennent discuter avec Ito, les bêtes se rapprochent, quelques-unes changent de troupeau. Les bergères ont vraiment l’œil pour retrouver leurs chèvres, pourtant noires pour 90%.
Il fait froid ce matin, le plafond nuageux est très bas, j’ai quitté ma grosse polaire en partant ce matin, et j’ai froid maintenant, nous marchons si doucement. Le soleil passe à peine entre les nuages sans vraiment nous réchauffer.
Nous traversons le lac d’Izourar un peu boueux, en début d’après-midi nous apercevons le campement de nos amis nomades.
Altitude 2600 mètres. 4 heures 30 mn de marche lente.