Transhumance 2023

Une des dernières – Jour 10

Deuxième journée au campement. Après un petit déjeuner tranquille au soleil, nous décidons de rejoindre le campement d’Ami Zeïd situé sur les hauteurs de Tamda. Il est tellement agréable de fouler les pâturages composés de grandes herbes, d’entendre le grouillement de l’eau qui s’écoule dans le lit du ruisseau abondant cette année. Nous dépassons l’ancien campement de Lahcein et Touda Ouka Ito qui ont arrêté la vie nomade juste avant que Si Lahcein, « Llah- Hamou » ne décède du cancer des poumons, une pensée pour lui, Touda et ses enfants, dont Ahmed un de leurs fils accompagne la caravane d’Ahmed Ben Youssef avec ses deux dromadaires qu’il vient d’hériter. Ahmed ben Youssef les gardera l’été sur les hauteurs de Tamda, en échange Ahmed a accompagné la famille pour faire avancer le troupeau de chèvres
Lahcein fils d’Ami Zeïd nous accueille proche du campement installé sur une terrasse naturelle juste sous col de Waousremt à l’altitude de 2580 mètres. Son papa a pris un coup de fatigue cette année, il a souffert durant la transhumance, ayant du mal à marcher, souvent monté sur sa mule par-dessus les bagages. Au passage des vires la journée des 3 cols il peinait à pied. La « roue » tourne partout, les familles se transforment. L’hiver dernier si rude Ami Zeïd a vendu toutes ses brebis, le coût d’achat d’orge pour nourrir les bêtes devenait trop élevé. Avec la vente des brebis ils ont acheté un terrain cultivable en amont de N’kob sur le bord de l’oued. Il reste maintenant le troupeau constitué de chèvres, plus facile pour les nourrir en cas de sècheresse et plus dociles à conduire avec moins de bergers et bergères.
Nous sommes reçus chaleureusement par Lahcein. Son épouse prépare déjà une galette de pain sur une tôle chauffée avec les touffes d’Issfi. Sa jeune fille attrape une motte de beurre de chèvres pour le faire fondre dans un petit poêlon, additionné de piment et salé ce beurre se transforme en une sauce orangée vif qui parfume le pain, le plat de « tèlouète » où de riz que les voyageurs ont pu goûter et apprécier durant la transhumance.
Après cette pose amicale de quarante minutes nous reprenons notre marche sur les hauteurs des pâturages qui se redressent, pour gravir ce premier plissement nord de l’Atlas qui sépare la vallée de Bougmez avec les plateaux des Aït Mohamed.
Les antennes relais sont installées sur la crête à 2880 mètres.
Le temps toujours nuageux nous a offert une belle éclaircie et une très jolie vue sur les montagnes du M’goun, du Wagoulzat, de l’Azourki, et au nord sur le piémont Nord Atlas qui s’étale au-delà d’Aït Mohamed.
A la descente Sara et Augus plus habitués aux terrains vallonnés peinent un peu au départ de la crête. Dès que la sente se transforme en sentier, nous dévalons la pente jusqu’au bivouac et la grande tente nomade où nous sommes attendus pour le repas.
4 heures de marche.
Nous avons prévu de manger le repas de viande de la chèvre cuite à la vapeur, dans le haut du couscoussier en terre, mijotée sur les braises de bois de tuya. Après six heures de cuisson, la viande est renversée dans le grand plat « tazleft » en noyer, dont Ahmed se rappelle son père partit acheter ce grand plat dans la vallée des Aït Boulie.
Nous nous régalons de cette viande très fondante et parfumée.
Fin d’après-midi de repos, partages avec la famille.
Dans la journée captant le réseau je m’aperçois qu’aujourd’hui est l’anniversaire de Mohamed (cuisinier). Comme Abdou arrive aujourd’hui de Ouarzazate avec le pickup, je lui téléphone pour qu’il achète un ou deux gâteaux dans une pâtisserie à Azilal. Il arrive juste à temps, ce soir dernier repas partagé avec la famille. Une soupe, un plat de légume et de riz et un dessert surprise pour Mohamed qui n’a rien vu venir !