Transhumance 2025

Journal Florence & Didier, Jour 8

Mardi 27 mai 2025

Le ciel est presque dégagé, autorisant la mise en route.

Démarrage à 4h45 alors que la température est clémente et l’air sec[1], sans vent.

Le départ de la caravane s’effectue donc de nuit. Nous franchissons un premier col à 3000 m d’altitude et y attendons le spectacle du troupeau qui nous suit. C’est une journée d’inquiétude pour les nomades car le sentier de transhumance coupe le haut du Jbel Amesrika, offrant plusieurs kilomètres de vires suspendues, pentes et falaises. Il y a le risque pour les chameaux de basculer en accrochant leur large bât de charge aux rochers. On craint aussi la pluie qui rendrait le terrain glissant pour les animaux. D’autant que plusieurs de nos dromadaires sont habitués à marcher tout droit dans le sable du désert, pas sur des chemins escarpés ou il faut parfois tourner !

Jean Pierre nous conte l’histoire de ce chameau qui avait glissé sans dommage sur un névé, mais dont les cris de terreur avaient paralysé toute la caravane !

Les montagnes et collines embrumées ne sont que de vagues silhouettes dans la lumière opaque.

Puis, le jour s’allume. Le soleil oblique commence à ruisseler dans les fonds reculés. On commence à distinguer les reliefs que nous allons traverser ou, plus lentement, ceux des fonds de vallée. Décor immuable que seul l’éclairage différent du soleil et des nuages font évoluer.

Le trajet entre le premier et le second col est effectivement un peu aérien, mais avec quelques précautions et deux bâtons de marche, tout se déroule bien.

On resterait bien à cet endroit pour contempler l’évolution des couleurs et des reliefs avec les changements de lumière, mais la route est encore longue jusqu’au bivouac du soir : Yalah (on y va)

Au troisième col[2], on trouve des polissoirs pour aiguiser les couteaux en cas de mauvaises rencontres. Et des cairns, sortes d’ex-voto pour protéger les voyageurs.

Très longue descente en lacets caillouteux alors que le ciel s’obscurcit de nouveau et quelques gouttes nous accompagnent. Nos amis nomades, loin devant nous, sont maintenant plus détendus. Ils ont déjà établi le campement et ont recouvert le dos de leur bête d’une sorte de bâche protectrice jaune (la dernière mode Coco Chamelle…selon Christelle)

Pendant ce temps, Aïcha retourne dans les pentes pour chercher du bois de chauffage, accompagnée de ses deux petites filles, ce qui ne simplifie pas la tâche. On devrait plutôt parler de buissons, lesquels, chargés en essence s’enflamment facilement. D’ailleurs, il arrive que certains bergers, transis de froid dans la montagne, allument directement l’un de ces buissons.

Une agitation soudaine attire l’attention de tous : un jeune chameau est couché, les pattes emmêlées dans la pente qui surplombe le camp. Les chameliers se précipitent : c’est un jeune dromadaire habitué au désert qui a gravi progressivement la pente en broutant et qui a eu le vertige quand il s’est retourné vers le bas. Après quelques cajoleries …. et coups de bâtons, la bestiole reviendra sur le plateau.

Une petite averse de grésil s’abat lors de notre arrivée : le thé bien sucré est apprécié après cette longue étape (11 heures de trajet entrecoupées de nombreuses pauses)

[1] Avec quelques vêtements adaptés, nous ne souffrons pas du froid (relatif car il n’a pas gelé) mais plutôt de la siccité de l’air (gerçure des lèvres, crevasses sur les mains, saignements de nez)

[2] Col de la grêle ou N’Igroure (3200m)

[1] Avec quelques vêtements adaptés, nous ne souffrons pas du froid (relatif car il n’a pas gelé) mais plutôt de la siccité de l’air (gerçure des lèvres, crevasses sur les mains, saignements de nez)

[1] Col de la grêle ou N’Igroure (3200m)