Transhumance 2025

Journal Florence & Didier, Jour 5

Samedi 24 mai 2025

Réveil à 4h40 par l’appel à la prière de Brahim notre chef chamelier qui est aussi imam. Mais pas de déluge de décibel dans un haut-parleur, plutôt une douce mélopée

Etonnamment, au petit matin, le troupeau est calme et n’émet aucun bruit. Rageant !

Le vent apaisé et le ciel magnifiquement dégagé, constellé d’étoiles

Le feu s’allume au campement des nomades pour la préparation par les femmes de leur repas. Les hommes s’affairent à boucler les sacs contenant leurs effets, provision de paille et d’orge en complément de nourriture pour les chameaux si le pâturage en trajet est maigre, farine, semoule… La caravane se met rapidement en route. Chèvres et moutons (environ 150 têtes de chaque espèce) sont conduits à part de la caravane en regard des terrains traversés lors de la journée de marche, et des pâturages pouvant être ainsi broutés.

Chacune des petites filles est harnachée sur un mulet. Sur un autre, ou aura attaché le coq et la poule, ainsi que trois chevreaux trop jeunes pour accomplir le trajet de la journée. Cela donnerait un air absolument pittoresque s’il n’y avait profusion de bidons en plastique, d’origine aussi diverse que douteuse.

L’éclairage rasant du matin met en valeur les différentes couleurs des roches, et les reliefs. Momentanément, nous marchons avec le troupeau qui suit son chemin en pâturant. Nous restons sur le chemin, bientôt doublé par la caravane de dromadaires. Leur démarche placide est trompeuse car leurs pas sont plus amples que les nôtres et il est difficile de les suivre.

Le sentier s’élève facilement jusqu’au 2150 m du Tizi’n Madeumt.

Nous longeons des habitations troglodytes creusées au pied de falaises, habitées par des semi-nomades du M’goun une partie de l’année. Nous rencontrons quelques enfants. Qui impressionne qui ? Les touristes avec leurs équipements ou ces enfants miséreux dont on se demande quel est la vie et quel est l’avenir ?

Aujourd’hui, il fait beau et nous apprécions les nuances du paysage devenu très minéral, austère. Mais cela doit être bien différent par mauvais temps ….

Le sentier s’élève ensuite au Tizi’n Toudat (col de la mouflonne) à 2658 m avec vue magnifique sur le massif du Saghro. Nous descendons dans une cuvette herbeuse où une source aménagée permet de faire boire les troupeaux puis nous remontons dans le lit d’un oued ou les cailloux roulent désagréablement sous les pieds mal habitués. Les gardiens du troupeau ont décidé que nous ferons aujourd’hui deux étapes en une. Enfin, vers 16 heures, nous faisons halte au bivouac de la gorge de Marouane. Le campement étant déjà installé par nos chameliers dans une large cuvette ou les troupeaux sont nombreux de part et d’autre. Certains d’entre eux n’arrivent qu’à la nuit, pour optimiser le temps de pâturage au cours du trajet.

Le repas du soir se termine toujours par la louisa, une infusion de verveine ou de thym.