Transhumance 2025

Journal Florence & Didier, Jour 11

Vendredi 30 mai 2025

C’est le grand jour où l’on va basculer sur le versant nord de l’Atlas, traversant les Agdals (pâturages) d’été des nomades.

Même si une route passe par le col, il y a quasiment un embouteillage entre les différents troupeaux[1], qui préfèrent souvent monter tout droit pour pâturer en avançant. Il existe une convention[2] entre les différentes tribus et la date au plus tôt d’accès aux pâturages était fixée au 1er juin, puis avancée au 30 mai. D’où l’empressement des nomades pour s’installer sur les meilleurs endroits, ou ceux où ils ont leurs habitudes …

Selon nos amis, les pâturages ne sont pas aussi verts qu’annoncés, mais bon… De notre point de vue d’Européens, habitués à d’autres paysages, on reste dubitatifs face à ces arbustes rabougris d’armoise et de thym. Mais qui parfument agréablement l »atmosphère.

Quelques centaines de ruches sont installés sur une des collines. Jean-Pierre nous précise que la cohabitation nouvelle entre les ruchers et les troupeaux ne se fait pas sans quelques heurts[3]. Descente dans de belles gorges où coulent de petits torrents et installation du camp sous des nuages menaçants.

La tension est redescendue. Les nomades se sédentarisent ; ils font leur lessive dans le torrent (ici, les hommes lavent leur linge et les femmes le leur).

Il est tentant d’aller prendre un bain dans ce torrent aux eaux limpides ; mais à bien y regarder, ce dernier est infesté de toutes petites sangsues d’environ  un centimètre (photo page 73)

Un orage violant se déclenche et la pluie transperce la toile de laine sous laquelle nous prenions notre repas.  Seule solution, étendre par-dessus une bâche en plastique…. Ce qu’il aurait fallu faire en dressant le camp !

Petite pensée pour les gardiens de troupeaux qui dorment dehors.

[1] Une estimation grossière conduit à un total de 2500 moutons et chèvres, sans compter les mules, ânes et dromadaires.

[2] Les conventions régissant les dates d’accès aux pâturages, l’étendue de celles-ci ont fait l’objet de tractations nombreuses entre les différentes tribus. Celles-ci ayant souvent des relations conflictuelles, parfois allant jusqu’au conflit armé.

[3] Les lois coutumières du début du 20e siècle n’avaient pas intégré l’essor de l’apiculture au Maroc !