Transhumance 2025 – RETOUR
Jour 9
Brahim est le premier à rentrer dans la tente cuisine, il chauffe l’eau des ablutions du « Feujeur » (première prière avant l’aube), le bruit de métal cogné me réveille, je sors d’un autre monde.
Rythme habituel, les chèvres sont contenues par la petite Siham pour éviter qu’elles ne partent pas, Lahcein, Tloô et leur grande fille Iza chargent les animaux, une grande douceur bienveillante est ressentie, la mère et la fille chargent le mulet et rigolent, le Papa arrive car la mule est haute. Iza montre fièrement qu’elle peut seule attacher la bride de la corde en poils de chèvre tressées et laine de chameau, alors que son papa est monté sur un caillou de l’autre côté du mulet pour effectuer le nœud d’attache.
Nous accompagnons la caravane dans le lit de l’oued, le crissement des caillouteux couine sous nos pieds. T’loô a déjà rejoint le troupeau de chèvre à mi-pente, véritable athlète des pentes raides elle saute d’un caillou at l’autre, siffle pour encourager ses bêtes, lance une pierre pour rappeler quelques retardataires. Elle est seule, les deux chiens un peu flemmards préfèrent suivre les dromadaires dans le fond de l’oued. La vallée serpente et s’ouvre plein sud la lumière, nous apercevons les derniers plissements pré atlasique.
Nous rejoignons le premier et nous grimpons le sentier des bergères qui partent au souk avec un mulet où un âne non chargé. C’est à dire qui s’élève plus rapidement jusqu’au col. La caravane chargée utilisera l’autre sentier bien marqué, presque une piste pour les caravanes lourdement chargées.
Descente sur les coteaux en pente assez douce, bien caillouteux, les touffes d’Ifssis, d’armoises et de thyms sont bien sèches, exposées au soleil et aux vent chauds de l’été.
Bivouac proche de la source.
L’Anti-Atlas, dernière chaîne de montagne que nous apercevons est juste en face, colorée gris – bleu par la vapeur de l’air qui s’élève à la suite des dernières pluies.
Bivouac à treize heures, altitude 1840 mètres, lieu « Tighboula n’Ighidane » (la source des chiens).
Repos, chacun s’isole rejoignant une fine bande d’ombre au pied des thalwegs abrités du soleil.
Fin d’après-midi T’loô prépare son pain cuit sur les pierres « ouf’digh », sa fille Siham effectue également un très petit pain comme les grandes ! Malgré la rudesse de leur vie, la maman prend le temps de se détendre avec sa fille.