Transhumance 2025 – RETOUR
Jour 8
Hier soir j’ai repéré un passage dans une vire de Taghia, sentes de chèvres et sentiers de bergers qui dominent cette gorge étroite, « Taghia » M’jdig. Nous rejoignons l’oued, l’eau coule tranquillement, plutôt bien pour la fin de l’été grâce aux orages.
Le soleil pointe à peine, la gorge est encaissée et il est encore tôt. Sur la rive droite un troupeau de chèvres noires se distinguent à peine, marchent sur les vires, la résonnance dans la gorge est magnifique. Sur la rive gauche c’est un immense troupeau de brebis au moins cinq bêtes qui s’étirent sur deux vires dans la falaise, et quel contraste avec leur laine épaisse blanche de fin d’été nous les distinguons parfaitement. C’est l’une de ces vires que nous empruntons. Même s’il n’y a pas de sentiers les pierres dans la pente sont stables pour marcher grâce aux troupeaux qui les ont foulés. La pente est raide, nous rejoignons le pied de la falaise du dessus, plus facile pour progresser. Au pied de la falaise un renfoncement naturel comme une petite grotte accueil un lieu où les bêtes s’abritent, un bout de mur « afraïe » devant referme l’enclos face au vide. Un espace de vie très précaire pour le berger dont le toit de la falaise est noirci par les feux de chauffe. Il reste un bout de tente M’goun en paille et de laine nommée « Am-souie » que l’on ne voit plus depuis plusieurs années, remplacés par des tentes en toile de tissus.
La vire s’incline et nous rejoignons une falaise, des traces d’usures par le passage des troupeaux et des bêtes sur ce passage aménagé de roche calcaire, permet aux bêtes de passer les ressauts. Des murs en pierres comme des escaliers pour accéder plus facilement pour les bêtes, quelques pats d’escalades en descente pour nos voyageurs. Nous retrouvons l’oued que nous suivons, le soleil réfléchît sa lumière sur le haut des falaises qui se colorent.
Une nouvelle vire inclinée sur la rive gauche nous permet de remonter la falaise, sentier aménagé de bois de traverses pour que les mulets ne glissent pas sur la dalle de calcaire lisse de la vire. Quelques lacets, nous effectuons le tour de l’éperon qui accède à un vallon où nous rattrapons l’ancien sentier caravanier aménagé en piste les mois de cet été pour permettre un accès de ravitaillement pour les semi-nomades M’goun. Projet de désenclavement de l’Ouzighrimt. Nous suivons les traces de notre caravane, nous dépassons la caravane d’Ahmed Ben Youssef avec qui nous avons transhumé de nombreuses fois. Nous retrouvons Ali et Monique à la source aménagée de l’abreuvoir alimenté par une source et par un puits dont l’eau est tirée avec une corde par le berger arrivant pour que son troupeau puisse boire. Plusieurs troupeaux attendent en amont leur tour pour l’accès aux abreuvoirs, regroupant leurs bêtes pour qu’elles ne se mélangent pas. Trente minutes et nous franchissons le tizi’n Toudet (col de la mouflonne) altitude 2600 mètres. Descente facilitée par la piste surtout pour les chameaux chargés. Quelques kilomètres dans cette cuvette de plantes et touffes assez vertes dû à l’exposition Ouest, bloquant quelques nuages. Lahcein à installer le bivouac dans un creux adossé à un morceau de mur naturel bloquant le troupeau la nuit pour éviter qu’elles se dispersent.
L’espace de notre bivouac pour les tentes des voyageurs situé juste au-dessus de l’oued est exiguë. Nous suivons une caravane de nomades en transhumance et c’est leur rythme et lieux d’espaces pour leurs troupeaux qui est prioritaire.
Arrivée à treize heures, altitude 2430 mètres, cinq heures de marche.
À peine posé notre petit sac au sol, Mohamed verse à chacun un verre de thé parfumé, juste sublime ! Un plat de lentilles aux légumes arrive. Sieste, chacun dans son espace.
Le bivouac un peu étroit permet une proximité avec la famille et avec la vie de la caravane. L’arrivée au coucher du soleil des chèvre est émouvant, chèvres et chevreaux bêlent désespérément de se retrouver, la joie est partagée.
T’loô prélèvera un peu de lait des chèvres pour leur consommation.
Le ciel est de nouveau étoilé, et la puissance de cette énergie cosmique est ressentie par les voyageurs. Nous nous endormons profondément.