Transhumance 2025 – RETOUR

Jour 7

Nous dévalons le lit de l’oued sec à contre-jour, les crêtes se croisent dans les dégradés pastels, les gouttelettes de roses perlées sont accrochées aux pointes des plantes. Le défilé de la gorge est majestueux, la caravane descend à vive allure comme portée par cette vapeur en suspension. L’eau de la rivière apparaît, sa mélodie adoucie la rudesse des roches de la montagne, l’herbe réapparaît et en même temps le bêlement des troupeaux des M’gouns dispersés au long de l’oued. Ils habitent des « Ifri » temporairement, tant que le pâturage le permet. En général il s’agit de trois grotte – abris creusés côte à côte, sur les rives de conglomérats ou de terre dure de l’oued.
Deux « Ifri » pour les troupeaux qui peuvent s’abriter durant les pluies et le froid de l’automne et du printemps avec devant un enclos et une grotte plus profonde, habitée par la famille M’goun, noircie par des décennies de cuisson aux touffes d’Ifssis. L’accueil des chiens gardiens des azibs est dissuasif pour qui tenterait de s’approcher du campement, crocs en avant…
Nécessitée d’une certaine habitude, ne pas hésiter à lancer une pierre, pas de sentiments. Par deux fois j’ai recousu mollets et cuisses déchirées sur des bergers qui s’étaient fait mordre en s’approchant trop près d’un campement. Certains chiens hurlent dès que l’on se baisse pour ramasser une pierre, connaissant la douleur du projectile qu’ils reçoivent souvent. Ils ne savent pas que je ne tire pas comme les nomades !
La rivière coule en permanence et c’est bien agréable ce clapotis de l’eau, la douceur du silence à côté.
Nous croisons une douzaine de campements nomades M’goun, la moitié avec une tente de tissus faite de morceaux de toiles assemblés. Un mulet blanc très élégant nous dépasse avec un homme et une femme M’goun. Leurs mulets sont souvent des bêtes très belles pouvant affronter la puissance de l’oued M’goun avec de lourdes charges.
Notre bivouac au-dessus de la gorge M’jdig est magnifique. Six heures de marche.