Transhumance 2025 – RETOUR
Jour 5
Nuit ventée, il a peu plu. Tous fatigués avons dormi profondément.
Juste après la psalmodie de Brahim, il fait encore nuit sur ce plateau d’altitude.
A l’extérieur de la tente nomade, adossée à un muret formé de quelques pierres, T’loô allume d’une touffe d’If’ssi sèche un feu qui illumine tout le bivouac. Je rejoins la petite famille au coin du feu, Iza m’apporte une couverture qu’elle plie pour que je m’assois. La grosse marmite fume la soupe de céréales. Lahcein me verse un verre de thé parfumé. Il continue de manger « talcoco », (farine grillée et épicée, délayée avec de l’eau chaude) dans un « Tazleft » (plat de noyer). Chacun fait glisser trois doigts de la main droite sur le bord du plat en face de lui pour attraper sa ration du matin bien calorique.
Un rayon de soleil éclaire le jbel Wagoulzat et le haut de la gorge nord du plateau. Le grand troupeau de brebis du berger M’goun voisin s’étire déjà.
Il est sept heures quinze minutes, nous récupérons le sentier bien marqué, emprunté par les caravanes pour atteindre le tizi’n « T’feurdoute » 3150 mètres. Notre caravane est encore au pied du col. Nous prenons un peu d’avance jusqu’au passage délicat de « Oualm’zrouka », cette grande vire étroite qui traverse les pentes abruptes plongeant au-dessus du petit hameau d’Erg d’Ouzirimt.
La caravane de la famille nous double, les chamelles et chamelons courent sur les vires. Nous nous arrêtons souvent pour nous imprégner de cette ambiance du bout du monde, la caravane est déjà loin.
Nous arrivons au tizi’n’ Tam’goumart 3000 mètres. Le bivouac est installé au pied Est du col à la source, les tentes sont montées, il est onze heures, 4 heures de marche tranquille, altitude 2810 mètres.
Le « chef » Mohamed prépare une omelette garnie, dégustée avec de la tome aux fleurs.
Gros coup de tonnerre, trente secondes après des gouttes mêlées de grêlons tombent violemment. Les garçons se précipitent sur les bâches plastiques pour recouvrir les grandes tentes, le vent s’engouffre partout. Deux nouveaux coups de tonnerres fendent le ciel et la secousse fait trembler le sol. Sieste pour toute l’équipe sous les couvertures ou sacs de couchage pendant cette pluie abondante. Le sol est bien trempé à la suite des quelques orages de ce début d’automne. Aubaine de voir les pointes d’herbes et de feuilles verdir ce pan de montagne, en me promenant je remarque même un champignon !
Brahim du Saghro à préparer « l’ajina » la patte du pain, glissée dans une bassine sous deux couvertures pour lever. Fin d’après-midi il sera boulanger pour toute notre petite tribu de voyageurs. Il effectuera quelques galettes pour la famille nomade, car les touffes d’Ifssis trempées après l’orage ne chauffent pas suffisamment pour cuire « ouf’digh » le pain de pierres.
Ce soir les dromadaires ont droit à l’auge d’orge, certains aperçoivent de loin la préparation et effectuent des bons et des ruades comme des cabris !
Après un repas aux légumes safranés nous nous endormons, il pleut encore.
En 2022 avec une petite équipe nous sommes partis sur les vires pour réparer le passage le plus délicat dont le mur s’était effondré.
Sentier de FALAISES https://www.desert-montagne.ma/sentier-de-falaises/