Transhumance 2025 – RETOUR

Jour 11

L’agitation ce matin est palpable, les nomades ont démonté leur tente hier soir, les chameliers ont également trié le matériel qui reste, et celui qui part avec le premier voyage du camion transportant les chameaux à M’hamid Ghizlane.
Le camion était déjà près hier soir, chargé de vingt centimètres de sable pour que les dromadaires ne souffrent pas des vibrations de la tôle. La ridelle est baissée pour que les dromadaires montent un à un, pas vraiment de bon cœur ni sautillant de joie comme quand leur auge en bâche se remplie d’orge et de pain sec !
Dernier petit déjeuner « supérieur » avec les « msmeumes » (crêpes) venues de Dar Daif avec le camion des chameaux ! Réchauffées, très appréciées !
La famille nomade est prête, dromadaires, ânes, mulet sont chargés, le troupeau rassemblé. Adieux très émouvants avec toute la petite famille.
Le camion chargé, au revoir également émouvant avec Brahim et Kassi,
Les 3 chameaux restants prennent aussi la route, rattrapant la famille amie. Demain ils seront du deuxième voyage dans le camion pour rejoindre aussi M’hamid Ghizlane et les sables du désert !
Nous restons seuls, au bord de l’oued, les voyageurs, Ali et moi ! Nous attendons notre véhicule venu de Ouarzazate qui arrive dans trente minutes.
Plusieurs familles nomades amies passent, c’est l’occasion de les saluer fraternellement.
Nous prenons de l’avance, nous rattrapons le troupeau de chèvres dans l’oued, retrouvant encore un moment Iza et T’loô, quel beau moment avec ce nuage de poussières en contrejour, les chèvres doivent sentir qu’il se passe quelque chose, bêlements intenses.
Nous aidons cette grande dame T’tloô et sa fille à traverser la route goudronnée sur le pont, bloquer les voitures quelques minutes. Encore grands merci et Adieux aux nomades. Bye-bye crie T’loô du haut de la colline, bras en l’air, clap de fin d’un si beau voyage.
Le 4×4 arrive charger des sacs sous la bâche verte du toit.
Nous prenons la piste pour Boudrarare, petit détour émotions par le vieux village pour Philippe qui était venus ici sac au dos durant son premier voyage au Maroc il y a plus de trente ans.
Demi-tour, nous descendons la petite route sillonnant d’une gorge à un talweg. Arrêt au petit café de Hadida, café « noss-noss » sur la terrasse face aux jardins. Chaussures légères et petits sacs sur le dos nous partons pour cette dernière séquence, marcher dans les jardins luxuriants aux senteurs exaltantes de la végétation, aux sons du clapotis de l’eau qui s’écoule dans les séguias d’irrigations pleines. Chants des merles qui picorent les fruits mûres sur les arbres. Un grenadier aux fruits très murs et éclatés laissent apercevoir les grains rouge – rosés, je cueille un des fruits que je partage à nos hôtes – voyageurs.
Ali et Monique aperçoivent un sanglier de deux cents kilos qui sort brusquement d’un champ de maïs, ainsi que deux dames du M’goun chargées d’un fichu sur le dos rempli d’herbe et de luzerne. Régale des yeux et du cœur, le village de Tourbisc se découvre entres les têtes des trembles sur un ciel bleu marine foncé. Un homme vêtu de blanc, sort de sa maison et nous offre une « Ghamane » grenade, qu’il tient dans sa main, fruit délicieux du paradis !
Montée en lacets entre les ruines de kasbah et les maisons de maîtres élancées, fissurées, pans de murs effondrés.
Nous parvenons devant la maison de Fatima et Youssef, la porte est ouverte sur la cour, odeur d’un repas bientôt cuit !
Joie de retrouver ces hôtes que nous connaissons de longue date. Nous apprécions nous assoir sur les tapis de laine, adossé à des coussins. Bonheur et joie simple.
Dans la cuisine bruit des noix fendues, délicieuses avec un thé parfumé.
Le couscous du vendredi aux légumes du jardin avec des morceaux de viande de vachette tendre du M’goun. L’appel à la prière retentît avec une douce voix.
Petite sieste, puis nous reprenons une petite marche, traversée de l’oued M’goun sur un pont tout neuf, le 4×4 est là. Petite route pour Kella de M’gouna, détour par la coopérative d’eau de roses « Sofi » doublement certifiée de ces produits de la rose de la vallée.
Digestion sur la route pour Ouarzazate, pour retrouver notre maison et lieu de vie, le Riad Dar Daif que nous avons avec Zineb restauré et rebâti durant plus de trente années, où nos enfants Ayoub et Salma sont nés. Accueil toujours très chaleureux, j’apprécie tellement le retour à la maison, la douceur, le clapotis des fontaines, le sourire de toute l’équipe, et j’aime me glisser sous une couette légère après les nuits dans le sac de couchage sous les étoiles et sous les bâches plastique durant les nuits d’orages.