Jean-Pierre est parti hier de Ouarzazate à 4 heures du matin avec Brahim Ahalfi qui remplacera Addi pour garder les chameaux dans un oued proche de N’kob.
Heureux de retrouver les chameaux en pleine forme, malgré la sècheresse, les dromadaires se nourrissent de buissons épineux, d’acacias et de tamaris. La meilleure nourriture pour être en pleine forme dès octobre pour les traversées dans le désert.
Mi août quelques dromadaires rejoindront avec Brahim et Addi le village de Sidi Hamza pour une traversée de 30 jours reliant Imilchil puis l’oued M’goun. 2 personnes sont actuellement inscrites, il reste des places.
Mon ami Jaques Gandini en ayant besoin pour son prochain guide des pistes des points Gps d’une cascade au cœur du Jbel Saghro, Timkit.
Nous avons avec Addi remonté à pied l’ensemble de cette gorge, quelques pas d’escalade dans un superbe défilé, petites gargouilles avec de l’eau, dont les croassements des grenouilles raisonnent dans la gorge.
Petit hameau d’Afaza, quelques maisons en pisé, des terrasses de cultures sèches en cette période d’été, entourées d’amandiers, et de palmiers nains.
En questionnant Addi sur l’utilisation par les nomades de ces palmiers nains « Tig-nad » en berbère, « doum » en arabe. Les feuilles tressées sont utilisées pour fabriquer les fameux paniers pour transporter les verres. Et autres objets courants, lanières, doubles paniers pour les mulets et les ânes..
Addi m’indique que les jeunes bergers, en gardant les chèvres mangent parfois l’attache des jeunes feuilles de « tig-nad ». Addi effectue une démonstration et je goûte l’attache de la tige de palmier nain, partie accrochée au cœur « Jma’gh n’Tignad », effectivement croquant et légèrement sucré. Le reste des feuilles fraichement prélevées sont ensuite mangées par les chèvres.
Au delà du hameau d’Afaza n’Ito Ali, nous remontons le fond de l’oued qui nous dirige vers une falaise où nous découvrons une 2ème cascade sèche avec à son pied un magnifique point d’eau à grenouilles, sorte de très petite guelta. Pour franchir cette 2ème cascade il nous faudrait un peu de matériel (cordes etc) pour nous assurer, le passage est exposé. La suite sera pour une autre fois !
Au retour, un homme nous interpelle, nous ayant remarqué quand nous traversions ses jardins entre les amandiers. Il nous a déjà préparé du thé avec des amandes de son jardin.
Sa femme nous amène une galette de pain bien chaud, du miel, de l’huile d’olive et de l’eau fraiche. Moments de générosité très appréciés, au cœur du Jbel Saghro. Merci Ba Youssef.
Il nous faut encore 2 heures à pied sur le plateau sous un soleil vertical et très chaud pour rejoindre le pickup laissé au départ de la 1ère cascade.
Au pied d’Id Bab n’Ali, des habitants cultivent des melons (c’est nouveau). Nous en achetons une dizaine cueillis directement dans leur jardin pour les ramener à Ouarzazate à Dar Daïf.
Retour à N’kob dans l’après-midi, il fait plus de 43°C. Retrouvailles d’amis.
Les voyageurs qui ont effectué les transhumances il y a déjà plus de dix ans, connaissent très bien certains de ces amis Aït Atta.
La maman d’Ahmed et de Brahim Ben Youssef «Dôho», est toujours pleine d’humour et de plaisanteries. Elle qui courrait allègrement après les chèvres dans les pentes de cailloux. Aujourd’hui elle a du mal à marcher et se déplace avec une canne.
Elle m’a rappelé le souvenir, lors d’une transhumance, elle accompagnait une journée les troupeaux, et quelques dames et messieurs du groupe l’avaient accompagné. Fréquemment, il y a des poses où les chèvres et brebis s’arrêtent pour digérer, elles ruminent couchées, c’est elles qui décident. Les bergères et les « voyageurs » s’étaient endormis au soleil sur un replat. Quand tout ce petit monde s’était réveillé, panique, le troupeau avait disparu. Après l’avoir rattrapé, il manquait une douzaine de brebis et chèvres. Le soir à l’arrivée au campement, Ba Hamou (son mari décédé il y a 2 ans), n’était pas très content. Ahmed était retourné en arrière, il a couru les montagnes, et retrouvé les bêtes égarées. Il nous a rejoint 2 jours plus tard !
Sa fille Touda également a suivit de nombreuses transhumances, elle reste avec sa maman à N’kob.
Autre anecdote, un fils d’Ahmed « Mimoun » qui doit avoir 18 ans, beau jeune homme aujourd’hui. Lors d’une transhumance, tout bébé il était emmitouflé la tête à l’air dans une couverture attachée sur l’âne pour franchir les cols à plus de 3000 m. Lors d’une tempête nous l’avions trouvé vraiment refroidi et inanimé. Les dames du groupe des voyageurs s’étaient chargées de le réchauffer vigoureusement. La famille nomade courrait à droite et à gauche pour rassembler le troupeau dans les falaises, alors que des flocons de neige tombaient. Toute la famille se souvient et vous remercie encore. La grand-mère me l’a rappelé.
J’ai revu une autre Touda (nièce) que plusieurs connaissent, dont les parents sont décédés tragiquement alors qu’elle était toute jeune. Elle a vécu une dizaine d’année avec sa tante Touda. C’était une joie de la voir autonome. Elle loue une petite boutique à N’kob où elle fabrique des vêtements qu’elle vend. Elle vie avec une de ses sœurs ainées, toujours très joyeuse comme sa grand-mère.
Retour en fin de journée dans l’oued pour retrouver Brahim qui s’est chargé de faire pâturer les chameaux toute la journée.
Merci Addi de m’avoir accompagné.
Addi qui ne connaissait ces cascades et cette petite vallée, se fera une joie de vous emmener une prochaine fois découvrir cette gorge, en hiver ou printemps quand l’eau s’écoule au cœur de ce désert minéral du Jbel Saghro.
Une très belle journée que je vous partage, riche en découvertes et retrouvailles.