Igoudar Forteresses de l’Anti-Atlas

Jour 4

« Adrar Azerzeum » Site de gravures rupestres

Tahar le gardien du site nous guide découvrir ce lieu majestueux de 40 tumuli et 300 gravures, datant de 6000 ans, une époque où deux grands fleuves du nom aujourd’hui d’oued Siad, coulaient de chaque côté de ce plissement rocheux.
Ces gravures sont très variées, patinées par tant d’années sous le soleil, et d’intempéries.
Une dominance d’éléphants, d’antilopes, buffles avec de belles cornes.

Un animal normé « Ganga » existant à cette époque nous explique Tahar, de type grosse antilope, représenté sur 4 pattes avec une poche sur le bas ventre ressemblant au kangourou lui auraient indiqué les archéologues lors d’une étude scientifique du site, ce ne serait ni un pis de vache ni un taureau.
Quelques autruches et rhinocéros à une et deux cornes.
Une scène vivante représentant un félin avec une queue tel un léopard à l’affût d’une antilope, ainsi qu’une girafe.

Lors d’une mission scientifique en 2012, l’un des tumuli a été visité par des archéologues qui ont extraits des éléments de parures, colliers, bracelets en pierres taillées. Ces échantillons ont été envoyés en laboratoire à Rabat.
Un magnifique bâtiment d’interprétation construit en pierres sèches il y a 15 ans, en attente d’éléments scientifiques exposés et de panneaux d’informations spécifiques à ce lieu exceptionnel.

Ce site d’exception mérite lui aussi une mise en valeur, c’est un atout important sur les routes Sahariennes pour les voyageurs. Un jeune archéologue maîtrisant les langues y trouverait un travail intéressant.
Nous prenons les 4×4, une centaine de kilomètres pour rejoindre et remonter la magnifique vallée de l’oued S’mougen, elle aussi dévastée par l’orage gigantesque d’il y a un an et deux mois.
Au village d’Igmir les travaux de la reconstruction et sécurisation de la route sont presque terminés.
L’auberge du village n’ayant pas encore réouvert, nous mangeons notre pique-nique dans la maison d’un couple qui nous accueille, la dame nous prépare un thé safrané très apprécié.

Nous commençons notre marche en remontant l’oued S’mougen qui coule seulement lors des orages et des pluies d’hiver dans ce majestueux cañon aux falaises élancées, le soleil éclaire le fond suivant l’orientation des méandres. Quelques vasques d’eau claire au long de l’oued, grenouilles, ainsi que les oiseaux y sont heureux. Nous remarquons des traces de sangliers et de mouflons sur les rebords d’argileux de ces gueltas.
Nous grimpons quelques mètres sur la falaise en escalier pour emprunter une vire et contourner une vasque profonde. Nous sécurisons ce passage délicat et exposé avec l’assistance de l’équipe. Nous retrouvons l’oued bordé de lauriers-roses. Une grande porte d’un tunnel taillé par les habitants d’Aoukerda pour traverser l’épaisseur du méandre et détourner la rivière de son lit principale évitant qu’elle ravine la palmeraie plantée sur le bord du virage suivant. Quelle énergie de survivre !

Nous grimpons l’escalier qui accède à ce tunnel taillé avec des outils rudimentaires. Cet escalier n’existait pas il y a neuf ans quand nous avions déjà traversé ce passage avec des voyageurs que j’avais encordé pour sécuriser ce passage glissant par l’érosion de l’oued et la descente de 5 où 6 mètres raides de roche polie et humide. Des enfants nous accueillent au cœur du tunnel, la sortie se trouve juste à l’entrée du village d’Aoukerda.

Ce village a aussi vécu un drame lors de l’orage il y a plus d’une année, plusieurs maisons récentes construites au bord de l’oued ont été dévastées et emportées avec leurs habitants… Paix à leurs âmes.
L’ancien village construit sur la hauteur des rives de l’oued, n’a pourtant pas alerté les nouveaux habitants des maisons en briques de ciment en bordure de l’oued. Oublis inconscients que des oueds en furies peuvent couler parfois une fois par siècle lors de pluies diluviennes. Un homme nous indique que le cimetière datant de quatre cents ans a été aussi dévasté « Mektob » !
Une femme du village nous prépare une théière apportée par un homme. Cette gentillesse est très appréciée par les voyageurs après les quatre heures de marche de remontée de l’oued.
Nous retrouvons les 4×4 qui nous attendent à la sortie du village.

Notre bivouac est installé deux kilomètres plus haut sur une terrasse naturelle que la petite route rejoint dans la falaise, au cœur des gorges dont la vue est extraordinaire. Il y a neuf ans nous avions bivouaqué sur ce même lieu, un nid d’aigle se trouvait juste en dessous dans la falaise, il était magnifique d’observer l’aigle nourrir son petit. Depuis la piste a été transformée en une petite route par des gros engins, le nid n’est plus habité.
C’est aussi le progrès pour ces habitants de ces gorges si éloignée.