Igoudar Forteresses de l’Anti-Atlas
Jour 2
Petit déjeuner prévu dans le jardin, la rosée nous fait déplacer dans le salon.
Route plein nord pour atteindre les contreforts sud de l’Anti-Atlas. Nous sillonnons les vallons, nous traversons le village d’Ifrane Atlas Srir. La petite route remonte les collines arides, quelques villages isolés où apparaissent des maisons de trois étages construits bien au carré par des habitants ayant quitté la misère de la sécheresse il y a bien longtemps, pour rejoindre les villes d’Agadir, Casablanca, Tanger et aussi émigrer vers l’Étranger. Les « Soussis » sont des gens travailleurs, dont leurs ainés ont façonné des millions de terrasses étroites avec des murs de pierres couvrant les montagnes les plus reculées de l’Anti-Atlas, permettant des cultures de « bough » irriguées par les pluies autrefois plus présentes. Également éleveurs de chèvres et brebis. En migrant ils sont souvent devenus des commerçants, très connus partout au Maroc et en France où ils tiennent des épiceries.
La route continue de sillonner le piémont de l’Anti-Atlas. Le village de Tigida apparaît.
Nous démarrons à pied dans un vallon de plantes sèches devenues grises. Après vingt minutes pour gravir une crête aride nous découvrons en contre bas l’Agadir Tigida, grenier collectif construit à l’entrée d’une gorge sur un piton tabulaire dont la falaise protège naturellement des envahisseurs.
Les pièces réservées pour chaque famille sont disposées comme les maisons d’une médina avec des accès étroits, et font à peine deux mètres de hauteur. À l’intérieur du rempart une rue circulaire fait le tour de ce grenier, des espaces pour installer les bêtes (moutons, chèvres, mulets, chameaux, vaches). La population alertée par les guetteurs de l’arrivée de tribus Sahariennes venant piller le village, rassemblait les habitants proches et le bétail dans ces « Igoudar » (Greniers au pluriel, souvent circulaire et fortifiés).
Ce grenier est particulièrement unique, peu connu car caché et peu spectaculaire depuis le nouveau village et la petite route. Il faut monter en haut d’une crête aride pour le découvrir.
Nous rejoignons le village encore habité, et une porte s’ouvre, un « chibanis » et son fils nous invitent à déguster le traditionnel thé. Quelques assiettes contenant le beur fondu parfumé au thym, du miel, de l’huile d’olive et « amelou » (pâte confectionnée d’amendes, de miel et d’huile d’argane. Le pain qui l’accompagne sort du four ! Quel accueil généreux cet arrière-pays.
Nous prenons les 4×4, quelques kilomètres d’une nouvelle petite route sillonne les vallonnements. Nous nous arrêtons au pied d’une colline, un piton rocheux dont on aperçoit une tour fortifiée sur le coin nord de son sommet. Une multitude de ruchers à divers niveaux de la hauteur de la falaise de l’Agadir Meherz (d’Oukhaya.).
Une sente de dessine et nous grimpons cet « agadir » abandonné déjà il y a plus de quatre-vingts ans.
La trace sillonne la pente jusqu’au pied de la falaise. Une fortification barrait autrefois l’accès à la partie sommitale. Le passage écroulé est raide et nécessite les mains généreuses de l’équipe pour sécuriser l’accès au sommet pour nos amis voyageurs. La vire sous la partie sommitale constitue une réserve de petites chambres à grains, badigeonnées de « gigh », une chaux – plâtre très solide. Plusieurs citernes sont creusées dans la roche également badigeonnées pour recevoir le stockage de réserves d’eau permettant aux habitants et aux animaux de tenir retranchés plusieurs mois.
Ce lieu mériterait une restauration, car aussi très particulier dans les « Agadirs » de l’Anti-Atlas.
La descente est délicate, nous retrouvons une vire pour rejoindre la route par un deuxième accès.
Quelques kilomètres en véhicules pour retrouver la petite route menant à la vallée d’Amtoudi.
Nous sommes accueillis chaleureusement chez l’habitant par Hassan Tilioua et sa famille.
Couscous dans le grand salon traditionnel.





