Sur les traces des anciennes caravanes

Jour 9

Cette nuit une pluie de bruine. Je dormais tellement profondément que je n’ai rien entendu ni senti. A 3 heures mon sac de couchage était trempé. La température était douce.

Nous avons mis la bâche plastique sur la tente cuisine où dormaient les 2 garçons. Je me suis glissé à l’abris.

Départ 6 heures 15 mn.

La nature recouverte de millions de gouttelettes de cette pluie fine, les oiseaux chantent la vie. La végétation nous envoie ses essences d’après pluie. Odeurs de mousses, de champignons et autres essences se dégagent.

Le ciel couvert est même agréable. Nous venons du sud de l’Atlas il est si rare de marcher sous un plafond nuageux chargé ! Douceur fraîche.

Nous marchons sur le piémont entre 1200 et 800m, sur une sorte de plateau vallonné au pied des pentes de l’Atlas et avant les plaines, où je n’ai jamais marché. Je découvre. Pistes et sentiers serpentent entre les cultures de « boughr » très abondantes grâce aux pluies généreuses de l’hiver et du printemps.

Nous coupons régulièrement des oueds qui coulent de l’Atlas. La végétation qui se trouve sur les 2 rives, jardins, oliviers, fruitiers, l’équivalent des palmeraies du sud avec une végétation feuillue.

La grande découverte aujourd’hui est l’ancienne citadelle de Tasghimout que j’ai repéré sur la carte et recherches sur internet. Cette ancienne citadelle s’avère un site historique unique et si peu connue.

J’ai laissé les chameaux au pied de cette montagne tabulaire et durant une heure 30 mn j’ai parcouru ses ruines, morceaux de remparts imposants, d’une porte d’accès à la citadelle, de pièces de garde voûtée et sites d’observations.

Un plateau immense à 1200 mètres d’altitude. Environ 2 km / 1 km, incliné et en légère cuvette, entouré de pentes raides terminées par endroits en falaises, avec sur le tour une muraille – rempart en pisé et en pierres d’un mètre d’épaisseur.

Ce site aurait été utilisé dès le néolithique. Puis les Almoravide au début du XIIeme siècle sous le règne du Sultan Ali Ben Youssef aurait bâti cette citadelle sur cette forteresse naturelle.

Cela lui aurait permit de résister à un long siège face à l’offensive des Almohade, car le plateau est cultivable et il y a une source.

Du plateau au distingue dans la plaine Nord ouest Marrakech à environ 35 km.

Ce site historique d’importances majeurs nécessite une restauration pour éviter que les restes de fortifications ne s’effondrent, avec des voûtes, des pans de murs en pierres. Un grand travail d’archéologie. Une mise en valeur

avec un musée racontant l’histoire détaillée de cette citadelle. Des guides historiens pour découvrir le site et l’histoire de ces Berbères d’origine Sanhadja.

Tout cela créerait une véritable économie pour les villages avoisinants, vue la proximité de Marrakech.

Le tourisme doit se ré-inventer. Il ne s’agit pas de tout mettre à plat, mais d’ouvrir de nouvelles pistes d’intérêts culturels, scientifiques, historiques, archéologiques, sportives, avec des séjours plus longs, plus garnis.

Je rejoins la caravane, Brahim et Addi ont trouvé un espace non cultivé pour que les chameaux broutent.

Nous trouvons d’anciens chemins.

Nous sommes arrivés cet après-midi au bord de l’oued Ourika et de sa vallée très connue des Marrakchis. Jardins et immense oliveraie.

Pas facile de trouver un lieu pour bivouaquer avec les chameaux. Les gens ici nous voient comme des nomades, et les nomades ne sont pas bien venus. En général quand ils voyagent, leurs chameaux arrivent en premier et quelques jours ensuite soit d’immenses troupeaux de chameaux où des troupeaux de brebis et chèvres. On peut comprendre la crainte pour tous ces beaux jardins cultivés.

6 heures 30 mn de marche pour la caravane, soit environ 27 km. L’allure aujourd’hui était moins rapide, le terrain accidenté, les chameaux un peu fatigués, et nous aussi ravis d’arriver à l’étape.

Les enfants viennent voir les chameaux, les plus grands pour un selfi.

Le tonnerre gronde sur l’Atlas, le ciel est bien noir.

Activité agricoles de fin de journée, les moteurs des pompes marchent encore en échos, puis s’arrêtent d’un coups. C’est l’heure de la rupture du jeûne.

Les grillons font leur apparition.