Sur les traces des anciennes caravanes
Jour 6
Nous sommes réveillés par la psalmodie de l’Imam du village, la grande ourse se trouve sur l’horizon à l’Ouest.
Départ 6 heures 20 mn, par la piste principale. Petite brise fraîche chargée de rosée. La piste suit la courbe de niveau jusqu’au fond des ravins effectuant des kilomètres de détours pour passer une gorge.
Nous croisons un énorme camion chargé de briques, de ciment et de ferraille pour la construction. Par chance un repli du terrain permet que nous garions les chameaux car la pente est raide.
La végétation change encore, plus Méditerranéenne, des bouquets de lavandes odorantes ornent notre passage.
Le palmier nain « doum » couvre tout un pan d’une montagne, je n’ai pas le souvenir d’en avoir vu autant. C’est avec sa feuille effilée que l’on fabrique les grand chapeaux de paille. Dans le Jbel Saghro, les nomades constituent des paniers à verres compartimentés pour protéger les verres en voyage. C’est d’ailleurs c’est dans ce panier que nous transportons nos verres.
La journée est longue et devient monotone, nous traversons à flanc tous les vallons pour sortir de cette profonde vallée. Nous nous trompons de piste et revenons quelques kilomètres en arrière. Nous débouchons en face de la vallée de Zerkten et nous apercevons la route qui relie le Tichka. La piste traverse une forêt de pins, il commence à faire bien chaud. Nous arrivons au village d’Aghbalou n’Oghgue, lieu d’étape des caravanes autrefois. Nous installons notre bivouac dans la magnifique coure ombragée de pins à l’entrée de la kasbah du Glaoui en ruine totale.
6 heures 45 mn de marche , 28 – 30 km.
« Aghbalou », veut dire « grande source », qui effectivement irrigue une belle oliveraie en terrasses sur une pente raide et des jardins.
Nous avons tous les 3 les pieds bien lourds et nous sommes fatigués. A peine allongés le sieste s’avère impossible avec des mouches piqueuses. Nous nous couvrons de nos djellabas étouffantes et ces mouches trouvent toujours un espace pour nous dévorer.
Nos chameaux sont très énervés depuis le milieu de la matinée par ces mouches qui leurs couvrent le ventre, ils se frappent le ventre avec une de leur patte tout en marchant.
Demain en passant à Touama nous chercherons ce produit naturel « Ouijane » fabriqué dans quelques lieux de l’Atlas et dans le Saghro à partir du bois de tuya ou de genévrier. Ce goudron très odorant et antiseptique éloigne les insectes.
Goudron utilisé également pour orner des poteries traditionnelles et parfumer les cruches en terre contenant l’eau à boire, conservée bien fraîche. Peut-être même que cette technique a aussi l’effet de désinfecter l’eau.
Après 16 heures la douceur arrive et l’air devient agréable.
Plusieurs plateaux garnis recouverts d’un jolis tissus dont un brodé arrivent à 19 heures: galettes fourrées, crêpes, une huile d’olive très fruitée, gâteaux parfumés à l’orange comme Zineb le fait très bien, jus de pomme, soupes et dattes sont notre menu ce soir. Gentillesse des habitants de ce village perché en haut de la vallée de Ghdat.