Sur les traces des anciennes caravanes
Jour 3
Départ 6 heures 45, nuit fraîche et froid au réveil.
Nous donnons de l’orge aux chameaux, aujourd’hui nous commençons la montagne et les chameaux ont besoin de combustibles. Hier ils ont marché 7 heures d’affilée et ils n’ont pas suffisamment brouté au pâturage du bivouac qui était maigre, et comme nous sommes partis pour un mois ils doivent garder la forme pour franchir l’Atlas, les vallonnements et les plaines au pied de l’Atlas.
En montant vue 3 tumulus, c’est assez étrange car il y en a assez peu dans l’Atlas. Les tumulus qui marquent les itinéraires sahariens de Nador au Drâa et Smara. J’en parlerai dans un autre post.
Un sentier bien marqué chemine au travers de vallonnements magnifiques, terre et roches ocres, grises. Nous sommes sur un ancien fond marin qui soulevé par les plissements de l’Atlas s’est retrouvé sur les pentes. Nombreux fossiles comportant divers coquillages, moules, huitres.
Je me prête à rêver revenir en hivers quand tout est couvert de neige, glisser avec des skis de fond de randonnée, avec des chaussures- bottes hivernales pour ne pas avoir froid au pied. Ce haut plateau est exceptionnel, en retrait de la chaîne de l’Atlas, la vue est dégagée. On aperçoit le Jbel Saghro, le Siroua, les crêtes du Toubkal qui glissent jusqu’au tizin Tichka, le Jbel Ounghomar qui culmine vers 3700m.
Sur la face nord de ce plateau la végétation en touffes « Ifssi » embaume nos pats. L’armoise foulée dégage un parfum similaire au thym, un peu plus aigre, c’est un délice. Nous rencontrons un groupe de 3 bergers montés sur de beaux mulets, devant tenir serré leurs mulets apeurés à la vue de nos chameaux, ils effectuent un grand détour. Addi les rejoints et demande où se trouve un point d’eau. Assez loin, nous traverserons encore 2 heures, le sentier bien marqué nous conduit à cette petite source aménagée d’un bac en longueur où un troupeau de chèvres boivent, l’eau n’est pas limpide. 2 autres troupeaux attendent pour venir faire boire leurs bêtes.
Nous installerons le bivouac, il est 12 heures 45 mn. Le lieu sablonneux, plat, idéal. Des joncs aménent un peu de verdure au pied de la source. Il fait très chaud, pas d’air.
Les chameaux sont débatés rapidement. Fatigués ils resteront 15 mn couchés, ce qui est rare. Il y avait ce matin 2 pentes très raide, dont les lacets très serrés nécessitaient de faire passer les chameaux un à un. C’était un sentier raide pour mulets.
6 heures de marche, environ 23 km.
2 heures de sieste, la température est meilleure, les grillons chantent. Vue peu d’oiseaux ce matin, 2 faucons crécerelles.
Revus des tumulus de très petites pierres en passant un col étroit comme une porte. Ces tas de petits cailloux sont une demande de protection aux forces de la nature.
Ces tumulus peuvent avoir plusieurs centaines d’années à plusieurs milliers d’années. Les caravaniers et les voyageurs ne s’aventuraient toujours en groupes, en grandes caravanes pour se protéger et se défendre de l’attaque de tribus mais aussi d’animaux tel les panthères, les lions de l’Atlas, dont le dernier tué en 1920. Quelques siècles auparavant on peut tout à fait imaginer qu’ils étaient nombreux, les forêts (dont on voit quelques arbres isolés immenses) permettaient à une faune de vivre, antilopes, singes, et l’autruches dans les plaines.
Ces forêts ont aussi été brûlées par les habitants, les bergers justement pour que ces animaux dangereux disparaissent. Dans un premier temps cela créait de vastes pâturages, mais l’érosion, les vents et les pluies violentes d’orages ont transformé ces étendues en désert. Le tissus végétal était peu épais, régulièrement disparu, lavé, envolé pour laisser la place au socle rocheux calcaire de ces plateaux.
Ronronnement du fourneau, Addi s’affaire à la soupe.