Sur les traces des anciennes caravanes
Jour 18
Matinée bucolique, nous foulons la lavande officinale, le fenouil sauvage. Rapidement remplacé par des plantes épineuses dont les fleurs fanées et les graines aux multiples picots comme des aiguilles s’accrochent à nos chaussettes.
Les oiseaux se régalent des céréales mûres. Au passage de la caravane les ânes des moissonneurs bondissent au bout de leur longe et braient leur peur à la vue de nos chameaux comme des monstres.
Les moissonneurs travaillent toujours à la main et depuis hier apparition de la faucille.
Nous passons par le village de la Zaouia Moulay Lahcein.
Attroupement autour d’une fontaine où les habitants des fermes éparpillées s’approvisionnent avec des ânes. Dans leur « chouaris » (double paniers) sont glissés deux où quatre bidons de vingt litres d’eau.
Brahim barraque deux chameaux et Addi part remplir cinq petits bidons. Une jeune fille lui offre son tour d’accès au tuyau.
Des enfants sortent de l’école joyeux et accourent en criant « Sahraouis, Sahraouis» et se rassemblent autour des chameaux barraqués.
Il est déjà midi et nous sentons la chaleur dans cette cuvette. Par la piste poussiéreuse nous gravissons un petit col. A chaque passage de colline nous espérons voir l’Océan. Pas encore. Même phénomène que lorsque l’on gravit une montagne, le sommet se fait désirer. L’air plus frais est un bon signe.
Au pied de ces collines couvertes d’arganiers d’une forêt collective, nous coupons une vallée avec un fil d’eau. Des lauriers roses et des joncs embellissent le paysage.
Sous un grand arganier nous décidons du bivouac, avec ombre et brise pour la sieste.
6 heures 20 mn de marche. Environ 26 kilomètres, notre allure était plus douce aujourd’hui.
L’arganier « Argania spinoza ».
Arbre endémique, qui couvrait autrefois le bord Atlantique jusque très haut au Maroc.
Son air de répartition actuelle s’étend d’Essaouira à Tiznit, et rentre à l’intérieur des terre jusqu’à Taliouine et l’on trouvCet arbre donne un fruit en forme de grosse olive jaune vif, dont l’odeur quand le fruit est mûr me rappelle la prune mirabelle de mon enfance.
Sa pulpe âpre n’est pas consommée par l’homme. Les animaux la mange.
On extrait l’huile à partir de l’amende. Les amendons sont traditionnellement grillés sur une poêle en terre. Puis pressés, malaxés, écrasés avec une petite meule rotative à main. Cette huile parfumée au goût noisette est exquise. Je l’apprécie particulièrement et se trouve à la maison sur notre table du petit déjeuner en alternance avec l’huile d’olive.
Il y a 30 ans nous l’achetions à 30 dirhams le litre. Aujourd’hui son prix atteint 400 dirhams le litre. Des coopératives se sont créées dans les villages et le procédé s’est modernisé.
La demande à l’étranger pour cette huile exceptionnelle à créé du travaille pour les femmes de cette région. Une belle adaptation à la modernité.
La demande cosmétique (non torréfiée) à retiré une étape dans la fabrication.
Traditionnellement les femmes de la région Haha, mais aussi au Maroc utilisent cette huile torréfiée pour les cheveux et la peau, comme l’huile d’olive pure, dont les propriétés sont très nombreuses. Zineb affectionne ces huiles pour ses cheveux.
Huile tellement délicieuse en trempant son pain dedans. Dans la région la semoule du couscous est malaxée avec un peu de cette huile parfumée et le couscous à un goût unique.
Excellente sur une salade où dans la soupe, ajouter une petite cuillère dans votre bol avant de la consommer.
Les forêts de l’Arganeraie au Maroc ont autrefois fondu avec la fabrication du charbon de bois, et la construction pour les toits plats des maisons. Interdit maintenant.
Fin des années 1990, l’Arganeraie a été déclarée par l’UNESCO première réserve de biosphère du Maroc sur une superficie de 2,5 millions d’hectares environ… L’objectif étant de gérer et conserver le système économique et écologique de l’arganier tout en développant l’économie de la région.
Belle lumière de fin d’après-midi au bivouac, avec les lauriers-roses et les joncs qui dansent avec le vent.
Une symphonie de crapauds et de grenouilles démarre 20 minutes après le coucher du soleil au top du crapaud chef.
Je m’endors avec la grande Ourse à l’envers juste en face de moi, je ferme les yeux rapidement emmitouflée dans mon sac de couchage.
Vers 22 heures quelques gouttes me réveillent à peine, je me rendors. Quand je suis bien mouillé je réveille les garçons qui dorment dans la tente. Nous glissons la grande bâche plastique sur la tente. Nous rassemblons les « tabardas » (bas des chameaux en paille) que l’on pose sur la bosse du dromadaire avant de mettre le « chouari » (double paniers tressés), que nous couvrons d’une autre bâche. Nous nous rendormons profondément.