Sur les traces des anciennes caravanes
Jour 11
Après cette douce halte repos, famille, douche et lessive nous reprenons notre chemin à 6 heures ce matin pour sortir des jardins.
Nous croisons des bergers et des bergères avec des petits troupeaux de 20 où 30 brebis, parfois seulement 5 bêtes. Nous sentons la campagne pauvre des petits éleveurs et des petites parcelles. Paradoxalement se trouvent d’immenses propriétés d’oliveraies et de céréales. Nous longeons même une propriété résidences sur un golf dont on aperçoit un petit lac (artificiel) dans le vallon d’un gazon. (Pas très écologique). Un gros tracteur aménagé de panneaux tondeuses à gazon sillonne la propriété. Normalement les nouveaux golfs utilisent l’eau recyclée des égouts de Marrakech pour arroser les gazons, ce qui est intelligent.
Le débat est vaste sur l’intérêt à long terme de ces grands grands complexes. Il n’y a pas de pétrole au Maroc, il faut trouver des alternatives au développement et à l’emploi. Nous devons trouver des solutions au gaspillage. La végétation des plantes arides est plus adaptée aux lieux secs.
Le charme du jardin Majorel à Marrakech et de ces plantes et cactus exceptionnels montrent bien qu’une alternative à la beauté et à l’écologie est possible.
Tous ces facteurs sont à prendre en compte. Il faut trouver l’équilibre car les ressources en eau vont devenir un réel problème. Le Château d’eau de l’Atlas nous offre déjà beaucoup.
Nous suivons maintenant un grand canal d’irrigation, marchant des kilomètres sur le bord d’une petite route. Délicat pour les chameaux, apeurés quand un véhicule arrive. Trois d’entre eux peuvent effectuer un écart brusque. Nous devons les surveiller et anticiper.
Le départ tôt ce matin nous a permis d’éviter le plein trafic routier de début de journée. Une prochaine fois nous traverserons quelques kilomètres plus au nord pour utiliser des chemins plus adaptés aux dromadaires et à la marche.
Nous sommes arrivés au bout du canal, la plaine devient aussitôt aride.
Nous atteignons Talmsloth point stratégique sur les routes des caravanes.
Nous traversons au sud de ce grand village, directement sur la Zaouiat et la forteresse et du palais en ruine.
En 1520, Moulay Abdellah Ben Hussein fut le fondateur de la Zaouia Soufi où s’installera également une branche Gnaoua. Talmsloth sera également un grand lieu de pèlerinage important dans la région de Marrakech. Ben Hussein construit un château dont la hauteur de ses murs en pisés, de ses toitures de tuiles vernissées vertes, encore assez bon état, attestent de son degré d’importance sur la région et sur les tribus du versant nord de l’Atlas.
Cette bourgade est animée chaque vendredi par un marché, l’un des plus important de la région. De nombreux artisans travaillent le bois, des tailleurs, des potiers de terre cuites traditionnelles. La région est cultivée principalement d’oliviers, plusieurs huileries traditionnelles fonctionnent à l’automne et l’hiver.
Nous avions hésité avec Zineb il y a une trentaine d’années à nous installer à Talmsloth, son charme nous avait séduit. Puis nous nous sommes dirigés vers Ouarzazate sans regret.
Nous dépassons Talmsloth et rentrons dans la zone du désert d’Agafay, plaines vallonnées de terre et de cailloux.
Nous installons le bivouac dans une cuvette avec un pâturage suffisant pour les chameaux. Dix minutes après arrivent 3 bergers, inquiets de nous voir monter la tente. Ils craignent de devoir partager leur territoire avec les nomades que nous sommes. Ils sont peu convaincus que nous marchons comme cela de Ouarzazate à Essaouira et nous demandent quand un camion chargé de brebis va arriver ?
Le chameau « Hamiche » boite encore, peut-être légèrement moins qu’hier.
Nous avons marché 6 heures 30 mn.
Nous sentons le changement de terrain,
la marche sur le macadam puis les cailloux nous a chauffé le dessous de nos pieds, et nous ressentons les 33 km parcourus aujourd’hui.
La sieste rituelle est bien venue sous la tente montée avec les bords relevés pour que l’air circule.